14e édition du festival « À ciel ouvert »

 » TOMBER LES MASQUES « 

du 12 juillet au 30 octobre 2021

Photographies de Benjamin Béchet, Dominique Delpoux, Liis Lillo, Arthur Batut, des collections du Défap et du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse

L’exposition « Le temps des moissons », que la crise sanitaire ne nous a pas permis d’ouvrir au public cet hiver, amorçait, avec les photographies de l’ethnographe Félix Arnaudin, un cycle d’exposition mettant en avant les liens entre la photographie et l’anthropologie.

Conçue comme un clin d’œil à la crise sanitaire dont nous commençons à peine de sortir, la programmation du festival A ciel ouvert se donne pour fil conducteur le masque, que ce soit celui associé à des rituels de peuples lointains photographiés par les missionnaires à la fin du 19e et au début du 20e siècle, celui de nos contemporains adeptes des carnavals et autres fêtes occitanes saisis par Dominique Delpoux ou encore celui des travailleurs immigrés de la banlieue romaine que Benjamin Béchet met en scène dotés de costumes de héros de bandes dessinées ou dessins animés. Dans les photographies de Liis Lillo, ce n’est pas le masque qui plonge dans l’anonymat le corps de l’artiste mais les vêtements qui la recouvrent et se confondent avec l’environnement. Comme un contre-point à tous ces visages cachés, les portraits anthropométriques de lapons du prince Roland Bonaparte ou du missionnaire François Coillard, les portrait-types d’Arthur Batut et même les photographies de crânes déformés d’Eugène Trutat vont, dans leur quête du visage générique d’un groupe humain, se révéler comme une autre forme de masque.

LES EXPOSITIONS

Le festival À ciel ouvert invite les visiteurs à déambuler du Centre culturel Le Rond-Point, où se trouve l’Espace photographique Arthur Batut, à La Méjane, site calme et bucolique traversé par un ruisseau situé juste derrière le château. Cette promenade qui passe par la rue Jean-Jaurès, artère principale du centre historique, la place de la mairie, la cour du château est aussi l’occasion de découvrir un patrimoine riche et varié d’une cité dont les plus anciens bâtiments telles que le clocher de l’église et la halle remontent à la fin du Moyen-Âge.

Dans l’espace public

Sur les vitrines de la rue Jean Jaurès

Dominique Delpoux, photographe tarnais à qui nous avons consacré une exposition en 2016, accompagne depuis plusieurs années l’ethnologue Daniel Loddo, créateur de l’association La Talvera, dans ses recherches sur les fêtes et tradition occitanes. Personnages grimés et masqués à l’occasion de carnavals et « chasse à l’ours » se tenant chaque année dans des villes et villages d’Occitanie sont à l’honneur dans la rue Jean-Jaurès.

Liis Lillo

Le corps de cette jeune artiste estonienne qui vit à Toulouse, se transforme pour prendre la forme d’une maison, une cabane ou un abri. Elle s’identifie à ces architectures sommaires et son corps couvert de vêtements les intègre jusqu’à se confondre avec elles. L’impact de l’architecture sur nos vies et la notion de l’exil, volontaire ou imposé, sont au cœur de ses préoccupations.

Sur le site de la méjane

Benjamin Béchet

Dans cette série d’une dizaine de photographies intitulée Je suis Winnie l’Ourson, Benjamin Béchet a observé et reproduit des scènes aperçues à Rome et dans sa banlieue : ici une femme de ménage transylvanienne; là un pompiste pakistanais travaillant la nuit. En présentant ces personnes en marge de la société affublées de masques et costumes de héros de dessins ou films animés, Benjamin Béchet nous rappelle qu’ « une personne n’est jamais ce que nous en voyons, mais toujours quelque chose de plus complexe et en mouvement, que chaque identité est partielle, que nous sommes tous un, aucun et cent mille. »

Dans la galerie de l’espace photographique

Photographies de missionnaires protestants (collection du Service protestant de mission – Défap)

Le Service protestant de mission – Défap (autrefois appelé Société des Missions Évangéliques de Paris) conserve les archives photographiques des pasteurs missionnaires qui ont œuvré au 19ème et 20ème siècle dans les missions protestantes implantées dans certaines colonies et territoires d’outre-mer français (Madagascar, Gabon, Sénégal, Cameroun, Dahomey, Nouvelle-Calédonie, Tahiti) mais aussi dans des colonies britanniques telles que le Lesotho ou le Zambèze. Constitué dans un but de valorisation, pour ne pas dire propagande, de l’ « action civilisatrice » des missions protestantes, cette collection démontre néanmoins que certains missionnaires ont eu une démarche proche de celle de l’anthropologue. Ils sont allés sur le terrain à la rencontre de peuples indigènes, les ont observés et ont tenté de décrire leurs rites et coutumes sans faire preuve de trop de préjugés.

Portrait anthropométrique et portrait-type (collection du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse et de l’Espace photographique Arthur Batut)

Cette partie de l’exposition rassemble quelques portrait-types d’Arthur Batut, des photographies anthropométriques de lapons du Prince Roland Bonaparte et quelques photographies de crânes déformés d’Eugène Trutat.

Tous trois, probablement influencés par les travaux de la société d’anthropologie de Paris fondée en 1859 par Paul Broca, s’intéressent à faire ressortir par la photographie des types physiques de populations, qu’elles soient éloignées pour Bonaparte, ou proches pour Trutat et Batut.

Prince Roland Bonaparte

Pendant l’été 1884, le prince Roland Bonaparte (1858-1924) mène une expédition en Laponie pour effectuer des études anthropométriques sur les Lapons. Pendant son court séjour dans le nord de la Norvège, il prend plus de 400 photos, pour la plupart portraits de face et de profil de Lapons.

Eugène Trutat

Photographe, pyrénéiste, géologue et naturaliste français (1840-1910) Eugène Trutat fut directeur du muséum d’histoire naturelle de Toulouse. Il s’intéressa à une tradition encore répandue au début du XIXe siècle qui consistait à coiffer les nourrissons d’un bandeau serré. Cette pratique était souvent à l’origine d’une déformation crânienne non souhaitée comme la déformation, dite toulousaine, que Trutat observa et photographia.

Arthur Batut

Photographe amateur et érudit (1846-1918) qui vécut à Labruguière, Arthur Batut se distingua, entre autres, par sa pratique du portrait-type. Celle-ci consiste à reproduire sur la même plaque photographique une série de portraits anthropométriques d’individus appartenant au même groupe (famille, habitants d’un hameau, d’un village etc.). Il détermine pour chacun d’eux une pose courte et la somme de ces poses correspond à la longueur d’une pose normale. Il obtient ainsi le résultat suivant : – les traits individuels, n’ayant pas eu le temps de pose nécessaire, se trouvent éliminés, – les traits communs à l’ensemble des portraits apparaissent seuls sur la plaque. En 1887 Arthur Batut attire l’attention des anthropologues avec sa brochure sur le portrait-type. Paul Topinard, responsable de la section Anthropologie de l’exposition universelle de 1889, envisage de présenter des portrait-types de Batut lors de cet événement de grande envergure. Arthur Batut lui propose ses portrait des charbonniers de la Montagne Noire, mais le projet n’aboutit pas.

Événements associés à l’exposition

Les mardis et jeudis du 13 juillet au 19 août (sauf les 20 juillet, 10, 12 août)

Avec Dominique Blanc, commissaire des expositions. Les mesures de prévention sanitaire nous contraignent à limiter le nombre de visiteurs à 10 personnes, c’est pourquoi nous demandons aux visiteurs de s’inscrire au 05 63 82 10 63 ou à espacearthurbatut@wanadoo.fr.
Visite gratuite d’une durée de 1h30 environ (rdv à l’accueil du centre culturel Le Rond Point).

Les 20 et 21 juillet de 9h30 à 11h30

Mini stage photographique pour jeune public (7-12 ans)

Des masques, fabriqués dans un premier temps par les enfants, seront le prétexte à des mises en scène photographiques ludiques et surréalistes. Inscription au 05 63 82 10 63, dans la limite des places disponibles, et participation aux frais de 2€/enfant pour les deux jours. Les participants doivent se munir, dans la mesure du possible, d’un appareil photo numérique basique et d’une clef usb.

Samedi 23 octobre à partir de 9h30

« Le photographe anthropologue à la croisée des chemins »

Journée de conférences, tables rondes, visites et animations pour tout public. Entrée libre.

Inscriptions et renseignements au 05 63 82 10 63 ou espacearthurbatut@wanadoo.fr

du 13 au 30 octobre

Exposition photographique d’Olivia Gay du 13 au 30 octobre

dans l’Atrium du Rond-point

Invitée en résidence à l’occasion du festival du film documentaire de Labastide-Rouairoux « Échos d’ici, échos d’ailleurs » (8 au 10 octobre), l’artiste Olivia Gay présente à Labruguière le résultat de ses investigations photographiques auprès des personnels qui sillonnent les montagnes autour de Labastide pour soigner les habitant isolés.

Exposition proposée en partenariat avec l’association ÉCHOS-CI, ÉCHOS-LÀ.

Mercredi 9 septembre à 18h

Inauguration des expositions du festival « A ciel ouvert » en présence des artistes Liis Lillo et Dominique Delpoux.

Rendez-vous à 18h sur le site de La Méjane derrière la mairie de Labruguière.