ARTHUR BATUT

Un précurseur, à Labruguière dans le Tarn

« Au 19ème siècle, l’histoire de la photographie est passée par Labruguière »

– Jean Dieuzaide

Né à Castres en 1846, Arthur Batut passe sa vie à Labruguière dans sa propriété d’En Laure.

Ses goûts pour la recherche, l’amènent à s’intéresser à l’histoire, l’archéologie et surtout à la photographie, recherchant des applications à cet art « d’écrire avec la lumière » dont il est un ardent défenseur.

Il passe des années à travailler sur la formation de l’identité par la photographie et le portrait-type, puis sur la photo aérienne par cerf-volant.

« Cet aimable fantaisiste, mais rigoureux dans ses recherches solitaires dans son midi, a passé sa vie à se faire plaisir » selon sa dernière petite fille.

Il faut bien admettre qu’Arthur Batut avait su porter un regard de visionnaire sur la photographie.

Il est décédé à En Laure, à 72 ans, en 1918, d’une attaque d’apoplexie.

Famille Batut sur le péron d'En Laure
Paysage en autochrome par Batut

Sa famille, son éducation

Arthur Batut naît dans un contexte favorable à l’épanouissement de sa riche personnalité. Son père est un commerçant aisé, qui a fait de brillantes études à l’école royale de Sorèze. Sa mère, Marie Barthes, est d’une honorable famille protestante de Mazamet. Une famille bourgeoise qui lui transmettra une grande rigueur morale et une éducation de fin lettré, bachelier du collège de Castres.

Le domaine d’En Laure est une propriété familiale située à Labruguière où Arthur Batut passe les moments agréables de son enfance. Il le reçoit comme cadeau de mariage de sa grand-mère paternelle. Il va désormais y passer la plus grande partie de sa vie. Il améliore le domaine : irrigation, agronomie… et en fait une exploitation rentable qui va lui procurer une existence aisée et lui permettre de satisfaire sa curiosité, son génie inventif. Il collecte des objets antiques, et publie diverses études. Il sera nommé Archiviste des Antiquités de Castres et du département du Tarn.

Il explore la région, à cheval, mais surtout à pied, et devient un adepte et précurseur du camping.

La photographie est une science et un art récents à son époque. Il se passionne pour les autochromes ou encore la stéréoscopie. Il correspond avec les frères Lumière. Son nom est largement cité dans les journaux de bien des pays.

À son époque, Arthur Batut avait eu du mal à faire reconnaître son travail, autant sur l’aérophotographie que sur ce qu’il appelait « les images de l’invisible » et qui le fascinaient. Loin des intellectuels parisiens, son travail amusait plus qu’il n’attisait la curiosité. Produire des « images floues » à une époque où la reproduction photographique permettait d’obtenir rapidement un portrait si ressemblant, n’était pas sans risque.

Aujourd’hui son œuvre est reconnue ; l’histoire de la photographie est bien passée par Labruguière et par Arthur Batut, comme le disait Jean Dieuzaide.

En atteste sa présence, avec 5 photographies concernant le portrait-type, au sein de l’exposition « Faking it ou la photographie manipulée avant Photoshop« , au Metropolitan Museum of New York, puis à Houston et à Washington, en 2012-2013.

Autoportrait d'Arthur Batut