« De la cité de la Tuilerie aux Jardins du Barri »
du 15 décembre 2016 au 28 janvier 2017
Ou comment tourner, en quelques expositions, une page de l’histoire de l’urbanisme Labruguiérois
Vernissage le jeudi 15 décembre à 18h30
Autrefois, en sortant de la ville fortifiée par la rue Jean Jaurès, la Porte du « Barri » que l’on devine encore aujourd’hui par les deux piliers restant en pierre de taille, s’ouvrait vers le faubourg de la route de Mazamet, où des jardins familiaux faisaient face au cimetière vieux. Dans les années 50, la ville se modernise et le quartier de la Tuilerie se construit en 1963, sur le site des jardins familiaux.
50 ans après, la rénovation urbaine du quartier, lancée par Tarn Habitat et la Ville de Labruguière, opère une nouvelle mutation sur le faubourg. Le conseil municipal, en accord avec l’histoire, a rebaptisé officiellement ce quartier « Les Jardins du barri ». En l’espace d’une dizaine de jours, le bâtiment principal de la cité de la Tuilerie, cette barre de 9 étages a disparu du paysage de Labruguière.
A l’heure où la mue de cette cité, tire à sa fin, l’Espace Photographique Arthur Batut s’associe à la MJC, Tarn habitat, la Commune de Labruguière et au collège de la Montagne Noire pour présenter des expositions tout au long d’un parcours allant de la cité et la MJC jusqu’au centre-ville en passant par le centre culturel Le Rond-Point.
Sur 6 lieux différents, avec 3 artistes professionnels et de nombreux photographes amateurs, l’univers de la culture porte autant de regards différents – documentaires, décalés, amusés, artistiques, provocants – sur cet évènement qui aura marqué l’année 2016 à Labruguière.
(Barri : faubourg qui se développe aux pieds des remparts d’une cité.)
LES EXPOSITIONS
Dans la galerie du 15 décembre au 25 février 2017
Nicolas Daubanes
et Yohann Gozard
" Le meilleur moment c'est quand on monte l'escalier "
réalisée avec le soutien de la DRAC Occitanie
Des dessins et sculptures de Nicolas Daubanes côtoieront des paysages urbains de Yohann Gozard. Une confrontation faisant écho à la disparition de la cité.
Pour l’exposition « Le meilleur moment c’est quand on monte l’escalier », deux artistes ont été invités par l’Espace photographique Arthur Batut à proposer des projets qui réagissent à la rupture dans le paysage et dans l’histoire urbaine de Labruguière engendrée par la destruction du bâtiment de la Tuilerie.
Nicolas Daubanes
montre une série photographique réalisée, dès 2011, au sein de l’immeuble aujourd’hui démoli. Décidé à trouver une forme pour en enregistrer la fin, il ferma symboliquement les volets de certains logements et, en quelque sorte, arrêta le temps. Se faisant, il créa les conditions de chambres noires : par la magie de l’optique, le paysage environnant se déposa de façon renversée sur les murs. Il ne lui restait plus qu’à photographier le phénomène. Plus qu’un travail sur l’immeuble en tant que tel, le projet dévoile des horizons depuis le point de vue (qui était) le plus haut de la ville. Il fait œuvre de mémoire mais au regard des habitants. Chaque image comporte effectivement, peut-être, la présence fantomatique d’individus regardant le monde depuis leurs fenêtres.
Yohann Gozard
quant à lui, durant l’été 2016, a rouvert les volets de la cité quelques semaines avant sa démolition. Tout comme il a pour habitude d’arpenter le territoire pour ses prises de vue, il a « voyagé » dans la cité. Après le départ, depuis plusieurs années déjà, des familles, il a scruté ce qu’il restait de la présence des personnes, repéré ce qui pouvait individualiser les logements, recherché ce qui renvoyait à l’intime. De ce regard d’archiviste sensible, il résulte une série de photographie, systématique, faite de portraits plein-cadre de murs. Ces portraits sont au format paysage, au format vécu par les habitants qui au fil des années se sont appropriés les logements, préalablement uniformes, par des choix de tapisseries, d’affiches, etc. Ainsi, chaque image dévoile une « gravure » du temps, les fumées et poussières ayant façonné, années après années, des sortes de peintures murales abstraites.
Il n’est pas anodin que l’invitation faite à Yohann Gozard provienne de Nicolas Daubanes lui-même, car peu de commissaires se seraient aventurés à initier cette rencontre tant à priori leurs pratiques sont éloignées. Au final, Yohann Gozard, qui entretient un rapport privilégié à la question du paysage, se retrouve à travailler frontalement avec des murs. Nicolas Daubanes déroute lui-aussi de prime abord. Alors que sa recherche lui a permis par le passé de prendre l’empreinte de murs à l’aide de silicone ou de frottage sur papier, il va puiser une œuvre là où il n’est pas attendu, dans le paysage environnant l’immeuble, c’est à dire dans le hors-champ d’un cadre peut-être trop évident pour lui. Il est d’ailleurs notable que la sculpture d’immeuble, inspirée de la cité de la Tuilerie, présentée par ailleurs dans l’exposition, ne comporte pas de murs, seulement des plateaux et des poteaux. Elle est ouverture, le paysage la traversant en quelque sorte. […]
Certes, tout n’était pas « beau », tout n’était pas bon vivre, à la cité de la Tuilerie, mais des vies ont défilé et gravé leurs présences sur des matières aujourd’hui dissipées. Aidée d’artistes, peut-être que la mémoire collective fera que, dans le paysage, demeurera la présence du disparu, « au-dessus des rues vides » « . Paul De Sorbier, directeur de la Maison Salvan à Labège
Nicolas Daubanes
Une maquette constituée d’un mélange de béton et de sucre, s’inspirant de la structure du bâtiment démoli, occupe une place centrale dans la scénographie de l’exposition.
Cet ajout de sucre au béton s’inspire d’un acte de sabotage que réalisaient certains résistants de la seconde guerre mondiale quand ils voulaient fragiliser les blockhaus du mur de l’Atlantique construit par les allemands. Selon l’artiste « le sucre agit dans le béton comme un virus dans un corps malade ».
Nicolas Daubanes est né en 1983, il vit et travaille à Perpignan.
Invité en résidence à Labruguière en 2012 par le Centre d‘art Le LAIT où il présentait au même moment à Albi l’exposition TEMPS MORT. Il a depuis exposé, entre autres, à la Maison Salvan à Labège (Le jour après le lendemain, 2013), au Musée Régional d’Art Contemporain à Sérignan ([Fe], 2014), au LAC à Sigean (SABOTAGE, 2014), au Centre d’art et de design La Cuisine à Nègrepelisse (Cosa Mangiare, 2016) et à Angle art contemporain à Saint Paul Trois Châteaux (La vie de rêve, 2016).
Il a tout récemment été lauréat du Prix YIA (Young International Artists) pour l’art contemporain et a été sélectionné pour le premier Grand prix Occitanie d’art contemporain.
Pour plus d’informations : http://www.nicolasdaubanes.com
Yohann Gozard
Son terrain de prédilection est surtout la périphérie des villes, qu’il arpente la nuit à la recherche de lieux dont l’apparente banalité est sublimée par le point de vue et le cadrage soigné, la pose longue qui lui permet d’enregistrer la moindre lumière artificielle ou naturelle, aussi ténue soit-elle et le travail de retouche a postériori sur l’ordinateur.
Yohann Gozard est né en 1977, il vit et travaille à Toulouse.
Il a récemment exposé à la Maison Salvan à Labège (Chronotope, 2014), au Château d’Eau à Toulouse (Le paradoxe de la nuit noire, 2015) et à la Galerie Vasistas à Montpellier (Have blue, 2016). Plusieurs tirages photographiques de sa série « Wonderpools » ont été acquis en 2012 par le Fonds Régional d’Art Contemporain Midi-Pyrénées.
Pour plus d’informations : http://www.yohanngozard.comv
Dans l’atrium du Rond-Point
du 15 décembre au 28 janvier 2017
Deux regards de photographes sur la destruction
Dominique Delpoux et Serge Nègre
A la demande de Tarn Habitat, Dominique Delpoux a suivi et documenté la destruction du bâtiment. De nombreuses prises de vue relatent la tour et sa destruction, ainsi que la modification du paysage Labruguiérois.
Dominique Delpoux
né en 1962 à Albi, est photographe depuis 1990. Représenté par l’agence Vu, il travaille pour la presse, l’édition et répond à des commandes publiques ou institutionnelles.
En 2016, il a exposé à l’Espace photographique Arthur Batut : « Alter Ego » une rétrospective.
En 1994, il est lauréat du prix Kodak de la critique photographie, il a exposé, entre autres, aux Rencontres d’Arles, au Mois de la Photo de Paris, à la Galerie du Château d’Eau de Toulouse… Ses œuvres figurent dans différentes collections : Fonds National d’Art Contemporain, Bibliothèque Nationale de France, Galerie du Château d’Eau, artothèques, musées, collections privées…Pour plus d’informations : http://www.dominiquedelpoux.com
Serge Nègre
s’est rendu tous les jours sur le chantier pour saisir de différents points de vue le grignotage du bâtiment.
Labruguiérois d’origine, Serge Nègre est le créateur de l’Espace Arthur Batut. Photographe et en humble disciple, ses missions archéologiques (Pompéi, Gaza…), polaires avec Jean-Louis Etienne ou encore d’aménagement du territoire (Tombouctou) l’ont conduit vers nombre de contrées avec ses cerfs-volants.
Avec son épouse Danielle il a aussi habité quelques années dans l’HLM et n’a pas manqué de photographier ses voisins et dernièrement la démolition de ce bâtiment avec une technique moderne, le drone, que n’aurait pas renié son mentor.
Dans l'espace public
Avenue Victor Avérous et dans la ville
du 15 décembre au 28 janvier 2017
Les photographies de Yohann Gozard
Yohann Gozard, a réalisé des photographies dans les appartements quelques mois avant la destruction de l’immeuble, illustrant les traces de vies de ses habitants. Des stigmates d’émotion et de poésie, avant l’abandon puis la disparition de l’immeuble.
L’exposition est sur le mur de l’école, le long de l’Avenue Victor Avérous, face à la MJC
Des documents sur la mémoire du lieu
Sur la petite barre des Jardins du Barri
au 1 rue Jean Jaurès
à la MJC
du 15 décembre au 28 janvier 2017
La MJC de Labruguière, le collège La Montagne Noire et l’Espace Photographique Arthur Batut ont lancé, entre 2010 et 2012, une campagne de collecte de mémoire avec la complicité des habitants de la barre.
Les jeunes de la MJC et du collège ont photographiée la démolition avec beaucoup d’humour et de créativité. Ils apportent un autre regard et un vent de fraîcheur à l’ensemble des expositions.
Documents à voir sur 3 lieux :
– sur la petite barre des Jardins du Barri, 5 panneaux présentent l’histoire de la cité
– au 1 rue Jean Jaurès, vidéos, paroles de résidents et photos récentes des élèves du Collège La Montagne Noire
– à la MJC par des jeunes de la MJC