« Dispositifs de vision aérienne : usages et appropriations artistiques » le 22 octobre au Centre Culturel Le Rond-Point.

Quand Arthur Batut invente l’aérophotographie avec un cerf-volant  en 1889, il a en tête un projet assez précis : mettre à disposition des  topographes un nouvel outil pour lever des plans. Il s’appuie sur les  travaux du Colonel Laussedat, topographe reconnu et directeur du  Conservatoire National des Arts et Métiers, qui a démontré dans les  années 1850 que si l’on photographiait le même territoire de deux points  de vue en hauteur, on pouvait, à partir des clichés obtenus et de quelques  mesures,  établir un plan dans un temps assez réduit.  Envisagé dés son  origine comme un instrument d’investigation au service de la topographie,  l’imagerie aérienne issue de systèmes optiques couplés à une machine  volante (aéroplane, satellite ou drone) concerne aujourd’hui de nombreux  domaines.

Les artistes plasticiens Leah Desmousseaux et Alain Josseau dont quelques travaux sont  présentés à Labruguière jusqu’au 29 octobre, nourrissent leurs pratiques d’images  aériennes prélevées à différentes sources : bases de données d’archéologues pour Leah  Desmousseaux, images satellites ou de drones pour Alain Josseau. Pour la première,  ce type d’image est une matière qu’elle s’ingénue à transformer par diverses manipulations  aussi bien au moment de la prise de vue qu’en laboratoire. Le rendu final, très éloigné de  l’image d’origine, donne à voir un univers onirique où l’artiste laisse l’imaginaire du  regardeur faire son chemin. Alain Josseau propose quant à lui une approche critique des  images diffusée dans la sphère médiatique, qu’elles soient aériennes ou non. A  Labruguière, il conçoit une installation sculpturale dans l’espace public qui s’apparente à  un leurre qui tromperait d’hypothétiques systèmes automatisés d’observation aérienne.

Lors de cette journée ouverte à un large public, il sera proposé de découvrir les expositions  en présence des artistes. Deux interventions de chercheurs seront là pour donner un  éclairage particulier aux questions  abordées : Cécile Coutin reviendra sur la contribution  aux stratégies de camouflage d’artistes mobilisés lors de la Grande Guerre tandis que Jean  Vaquer et Mathieu Ledoux évoqueront une campagne d’investigation archéologique  conduite dans la Montagne Noire . S’en suivra  une table ronde avec l’ensemble des  intervenants animée par Julie Martin.

Pour conclure cette journée, en soutien aux ukrainiens pris dans  la tourmente de la  guerre, sera projetée « Paysage Présage », un diaporama de photographies d’artistes  ukrainiens sélectionnées par Kateryna Radchenko, commissaire du festival Photo Days  à Odessa.

La projection « Paysage Présage » s’inscrit dans le cadre de l’opération Stand with Ukraine portée par le réseau  Diagonal dont l’Espace photographique Arthur Batut est membre.

L’exposition Sol de Leah Desmousseaux est une production du Centre d’art Le Lait à Albi.

L’Espace photographique est soutenu par la Ville de Labruguière, le Département du Tarn, ainsi que la Région et la DRAC Occitanie.