Festival « A ciel ouvert »

Festival "A ciel ouvert"

Arno Brignon, yvonne calsou et eric rumeau

TEMPS DE PAUSE

du 26 juin au 25 octobre 2025

Inauguration le 25 juin à 18h

LES EXPOSITIONS

Le Musée Arthur Batut, pour la 18ème édition de son festival A ciel ouvert, propose au public de découvrir les œuvres de trois artistes toulousains qui ont en commun de créer des dispositifs expérimentaux où le traitement du temps de la photographie, ou de la vidéo, sort des pratiques les plus standardisées. Dans la ville de Labruguière, du centre culturel Le Rond Point au jardin public en passant par le Bd de la République, le parcours sera ponctué de grands tirages du photographe Arno Brignon extraits de la série « L’estive en étude » réalisée sur plusieurs mois avec des bergers du Haut-Couserans. Des images granuleuses aux couleurs irréelle issues d’expérimentations laissant une grande place au hasard et à la rencontre, donnent à voir un monde où le temps semble suspendu. Yvonne Calsou et Éric Rumeau, quant à eux, se partagent la galerie du Musée Arthur Batut : la première, plus plasticienne que photographe, mêle dans ses travaux des dessins, et des vidéos qui se déploient dans l’espace d’exposition pour constituer de subtiles installations mettant le visiteur en posture contemplative. L’ombre, la lumière, le noir et blanc, le positif et le négatif sont en cœur de sa démarche et la rapprochent en cela de la photographie. Contemplatives elles aussi, les pièces vidéo-photographiques d’Éric Rumeau, « Eurythmie » et « Sur la surface, à peine », sont issues d’ingénieux dispositifs techniques : l’attention du regardeur est captée par d’infimes variations dans l’image comme si celle-ci se mettait à respirer ou à se diluer dans le temps.

AU JARDIN PUBLIQUE et bd de la republique

Arno Brignon

A propos de la série « L’estive en étude » présentée au jardin publique et Bd de la République, Arno Brigon écrit : « Le Haut-Couserans, territoire sauvage et montagneux d’Ariège regroupe quarante et une estives. Des Pyrénées, elles sont les plus prédatées par l’ours. Mais le plantigrade n’est pas le seul responsable des menaces faites au pastoralisme, pratique séculaire de l’agriculture de montagne. L’estive, prairie agricole en altitude, n’est plus cette douce carte postale aux accents d’Heidi et l’animal est devenu l’enjeu des multiples visions de la montagne et de notre lien à la nature et au vivant. Touriste, chasseur, agriculteur, naturaliste ou faune sauvage, chacun à son modèle vertueux qui élimine l’autre. Les berger-es, gardien-es des bêtes et des lieux, sont au cœur de ce fragile équilibre comme de mes questions, mes craintes ou mes espoirs. Depuis presque une décennie, je monte les rencontrer, pour redescendre chargé des images, de mes doutes et mes émerveillements. »

Dans la galerie de l'espace photographique

YVONNE CALSOU

A travers une pratique plurielle (dessin, photographie, vidéo, son, installation), son travail s’intéresse aux notions d’espace, de mémoire et de temps. Si le temps est central, elle travaille autant sur lui, qu’avec lui aussi bien dans son processus de création que dans ses réalisations. Le plus souvent elle propose des pièces in-situ qui s’appréhendent différemment en fonction de la lumière et du temps en mouvement. A partir de gestes très simples, ses interventions s’inscrivent quasiment silencieusement dans l’espace. Parfois ses recherches prennent un aspect plus intime travaillant sur son histoire familiale et les territoires de son enfance.

En plus des dessins éphémères au blanc d’Espagne réalisés pour l’exposition sur les baies vitrées du musée Arthur Batut, Yvonne Calsou présentera sa série «Loup y-es-tu ?, des dessins à la peinture à l’huile noire sur calque polyester. Réalisés par retrait de matières, ces œuvres inversent la dualité des contrastes d’ombre et de lumière, elles explorent l’ambiguïté de notre perception de la forêt : autant mystérieuse et lieu de tous les dangers à l’instar des récits et légendes de notre enfance qu’un espace vivant complexe et fragile, reconnue depuis peu comme lieu de la résilience de la nature et indispensable à notre survie.

Dans la salle vidéo du Musée Arthur Batut sera projetée SUR LA VOIE, une vidéo réalisée en résidence à Labastide-Rouairoux en juin 2024. A l’occasion de ce séjour dans la vallée du Thoré, Yvonne Calsou a exploré le relation intime de la population à l’ancienne voie ferrée Mazamet-Bédarieux devenue la piste cyclable Passa Païs. Au rythme des rencontres fortuites ou organisées (EHPAD, école…), elle a sillonné à pied et à vélo la voie verte, collecté des traces du passé, exploré le présent du paysage. La vidéo invite le spectateur à expérimenter un univers où la nostalgie du passé et la contemplation du présent se rejoignent.

Pour le festival A ciel ouvert, Eric Rumeau présente deux séries :

  • Eurythmie, constituée de 14 photographies, se présente comme un conte fantastique, révèle la présence et l’existence d’un monde silencieux qui nous semblait inerte. Eurythmie rend sensible l’apparemment insensible, rend visible le difficilement visible. On ne peut pas voir pousser les plantes, voir se modifier les roches. Leur temps n’est pas le nôtre. Eurythmie, expérience visuelle, rend accessible la temporalité des non-humains. Un dialogue peut s’engager. A l’instar de ces organismes bioluminescents qui nous font signe, Eurythmie capte notre attention et nous invite à un prendre soin, à questionner notre savoir-être au monde, à vivre cette symbiose.
  • Les tableaux photo-vidéo de la série Sur la surface, à peine qu’Éric Rumeau présente pour la première fois à Labruguière, invite à une expérience visuelle dans laquelle un dispositif photographique inédit perturbe la temporalité. Le procédé consiste en une hybridation photographie/vidéo fondée sur le principe de l’inframince. L’artiste laisse apercevoir sur une même image, l’instant de la prise de vue, son avant et son après. Il élargit en quelque sorte le temps de la photographie. Le spectateur face à un cadre perçoit la trace d’un déplacement à peine repérable dans la photographie. Le trouble s’installe.

Eric Rumeau

Camille Langlade