Par ce titre emprunté à un roman de Simone de Beauvoir, je propose une autre manière de regarder les personnes âgées. Mon intention est de nous les faire voir, comme des êtres humains à notre image et d’honorer leur courage à affronter les défis du grand âge et de la mort.

La photographie est un moyen de communication puissant, qui permet entre autres de questionner notre relation à la vieillesse. Ces images essayent d’interpeller les spectateurs, de créer un lien avec ces mains qui nous ont bercés, nourris, éduqués. 

Essayons d’imaginer quand  nos propres mains deviendront tordues et ridées.
Essayons d’imaginer notre monde réduit par la perte de mobilité.
Essayons d’imaginer comment on se sent quand son monde intellectuel rétrécit, en même temps que les facultés mentales diminuent et que la curiosité s’en va parce que tous les jours ont le même goût.

Ce projet m’a permis de connaître des résidents à l’EHPAD L’Oustal En Thibaut. Ils ont été jeunes, ils ont été beaux, aucun d’entre eux ne se considère comme vieux.

C’est un mot lourd qui rajoute la souffrance aux autres défis physiques, mentaux et sociaux, rencontrés par ces personnes.
C’est pour cela que mes photos demandent que nous ouvrions, non seulement les yeux, mais également notre esprit et notre cœur afin d’accorder une juste place à cette étape de vie. Dans notre société du 21e siècle, les personnes âgées sont cachées, absentes de la vie culturelle, des médias et plus généralement de l’espace public. La société de consommation voit le vieillissement et la mort comme un échec à la fin d’une vie toute entière consacrée à la production. 

Alors qu’il faudrait savoir reconnaître la sagesse dans « La Force de l’âge », comme elle est reconnue dans les sociétés traditionnelles, des chefs, des chamanes et des conteurs. 

Cette exposition est aussi une invitation à considérer autrement la vieillesse et notre propre vieillesse comme la suite naturelle à la naissance et à la jeunesse. »