L’Espace photographique Arthur Batut se met au diapason de cette saison tant attendue qu’est le printemps en proposant une exposition d’œuvres de Denis Brihat, figure majeure de la scène photographique française de la seconde moitié du 20ème siècle, qui met la nature et le monde végétal au cœur de sa démarche. Installé dans la Luberon depuis 1958, Denis Brihat voit dans la végétation qui l’entoure une métaphore du monde. Son travail est, comme il le qualifie lui-même, « une étude systématique des formes et des structures de l’architecture de la nature. » Inlassablement, il pose devant l’objectif de sa chambre photographique herbes, oignons, kiwis, coquelicots… pour les saisir, le plus souvent en gros plan, sur un fond blanc ou noir. Sa recherche visuelle prend toute son ampleur dans le temps du traitement en laboratoire : chaque tirage en grand format est l’aboutissement d’un mode opératoire long et minutieux. Il utilise notamment des techniques de virage pour introduire de la couleur dans des clichés saisis en noir et blanc. A une époque où les débouchés économiques de la photographie se trouvaient quasi-exclusivement dans à la presse et l’édition, Denis Brihat a fait le choix radical se mettre en retrait et de tenter d’imposer la photographie comme un art autonome destiné au mur au même titre que la peinture.
Une cinquantaine de tirages originaux extraits en grande partie des séries qui ont fait la notoriété de Denis Brihat (oignons, coquelicots, tulipes etc.) côtoieront dans l’exposition des œuvres moins connues mais toutes aussi emblématiques de ce talent qu’il a pour révéler par la photographie l’extraordinaire richesse formelle et visuelle de la plus humble des plantes poussant dans son jardin.