Quatre soignant.e.s en tournée dans la Haute Vallée du Thoré
Olivia Gay
du 13 au 30 octobre 2021
dans l’Atrium Rond-Point
Claudine, Emmanuelle, Estelle et Yannik sont « infirmières » libérales à domicile » à la Maison de santé de Labastide-Rouairoux, une commune rurale située dans le Tarn. Autrefois un bassin fertile de l’industrie textile, la commune est aujourd’hui classée en « zone fragile » en raison de sa très faible densité de population, de son éloignement avec les hôpitaux et autres pôles de santé importants, et de sa situation économique difficile. C’est la raison pour laquelle la Maison de santé pluri-professionnelle y a été fondée en 2015.
Les infirmières du cabinet de l’Ouest planifient leur temps de travail sur trois semaines, et une semaine de repos. Il est réparti par équipes de deux personnes qui effectuent des tournées matin et soir, sur un territoire qui s’étend sur trois départements : le Tarn, l’Aude et l’Hérault. Le temps passé chez chaque patient dépend du soin à faire, mais aussi de l’état de la personne. Car la venue de l’infirmière est pour certains la seule visite au cours d’une journée.
L’essentiel du travail d’infirmière libérale, explique Claudine, est dans l’échange avec le patient, car « il faut vraiment qu’il y ait échange » : « Qu’est-ce que la personne va garder de ton passage? Quel sera son ressenti? ». Dans l’intimité de ces vies souffrantes, isolées, les infirmières doivent « s’adapter », « trouver la bonne distance », « apporter du positif » ou encore « être un rayon de soleil ».
La crise du Covid a bouleversé notre rapport au monde. Des questionnements liés au Travail, au Temps comme au Sens de nos vies ont ressurgit, nous offrant la possibilité de réfléchir à notre mission tant individuelle que collective au sein de la société. En tant que photographe, je me situe dans ces mêmes préoccupations : Comment rendre mon travail utile? Comment contribuer, par l’acte photographique, au bien commun de notre société ?
Si la photographie est une mémoire – car « au final, les photos, c’est tout ce qu’il nous reste » exprime une patiente – elle est aussi, à mes yeux, un geste, une façon de vivre, de comprendre et de faire comprendre ce qui nous relie. Des photographies envisagées comme un journal, une durée, une fresque de notre humanité.
Olivia Gay
Exposition proposée en partenariat avec l’association ÉCHOS-CI, ÉCHOS-LÀ.