« Présence »

du 13 décembre 2013 au 14 février 2014  

Emese Miskolczi

Vernissage le vendredi 13 décembre à 18h30   

« D’origine hongroise, Emese Miskolczi a étudié à l’École supérieure des Arts Décoratifs de Budapest puis s’est spécialisée en France dans la création multimédia. Depuis plusieurs années, elle mixe la photographie et la vidéo. Dans ses montages vidéo et ses photographies longues poses, le temps devient une matière qu’elle fractionne, étire, dissèque et manipule. Elle tente ainsi d’ouvrir de nouveaux horizons perceptifs sur une réalité que nous croyons connaître.

Cinq générations séparent les portraits-type d’Arthur Batut de ceux réalisés par Emese Miskolczi. Elle a sollicité cent quarante-huit habitants de Labruguière pour les filmer et réaliser des portraits de groupes : pêcheurs, commerçantes, aides-soignantes, élèves de maternelle, joueurs de rugby, collégiens, personnes âgées… La série couvre un prisme d’activités qu’elle a souhaité le plus ample possible. Elle s’étend également aux âges de la vie : les modèles les plus jeunes ont quatre ans et les plus âgés sont à la retraite. 

Emese Miskolczi-Petites filles (002)
les écolières © Emese Miskolczi
PT BIS personnel soignant
photo extraite de la vidéo des aides-soignantes © Emese Miskolczi
les pêcheurs © Emese Miskolczi

Le portrait social n’est ici pas issu d’une juxtaposition de ses membres mais d’une surimpression numérique de leur image. Superposés, synchronisés dans leurs mouvements, ces portraits parlent, respirent et clignent des yeux comme une seule personne.  Ils sont une formule visuelle condensée de tous ceux qui lui ont donné leurs traits. Emese Miskolczi n’a pas décidé de leur apparence finale, elle a créé le dispositif pour les faire apparaître.

Le montage en boucle est au temps ce que la superposition est à l’espace : une tentative d’extraire une vérité contenue dans les traces mémorielles de la matière, à force de répétition. L’émotion ressentie à la vue de ces corps vibrant à l’unisson tient sans doute à une forme de sublimation que l’on retrouve dans les choeurs dramatiques ou musicaux. Les portraits composites réalisés par Emese Miskolczi sont un équivalent visuel de la polyphonie : une combinaison de plusieurs voix indépendantes liées les unes aux autres par les lois de l’harmonie. »  

– Texte de Marguerite Pilven

LES PORTRAITS EN POSE LONGUE

« En tant qu’interface entre l’intériorité et l’apparence extérieure, le visage a toujours suscité de la curiosité et du fantasme. Qui n’a jamais tenté de déceler des indices dans les yeux d’un être cher, ou d’un parfait inconnu ?

Jacqueline Alquier © Emese Miskolczi

Dans cette série de portraits, Emese miskolczi a étendu le temps de pose à cinq minutes. Elle a demandé au modèle de se tenir parfaitement immobile et l’a laissé seul, face à l’objectif. Du point de vue de la durée, c’est-à-dire d’un temps vécu, c’est suffisant pour qu’il ressente le besoin de bouger, s’ennuie et se livre à ses pensées.

Ce vécu pur se révèle à l’insu du sujet photographié, dans les zones de flou et l’intensité de son regard. Si le portrait doit parvenir à fixer une personnalité, il doit aussi en laisser deviner la nature indéfinissable et mobile, sans quoi il deviendrait un masque.« 

– Marguerite Pilven 

Dominique et Christian Cucullières © Emese Miskolczi

Ces portraits ont été réalisés en juin et septembre lors d'une résidence d'artiste à Labruguière.

Voir le site d’Emese Miskolczi et son travail sur « la maison des metallos » à Paris : http://www.emesemiskolczi.com

Marguerite Pilven, critique d’art et commissaire d’exposition : http://www.margueritepilven.net